Brèv’vertes n°3

Les « Brèv’vertes », la rubrique animée par Lucas[1]

Cette rubrique souhaite apporter de l’eau (ou ce qu’il en reste) au moulin des informations traitées en une ligne dans les bandeaux des chaînes continues. Comprendre les liens entre les mobilisations, entre les idées, entre les phénomènes climatiques isolés afin d’en dégager une réflexion globale, tel est l’objectif de ces « brèv’vertes ».

  • Vous reprendrez bien une COP ? : Chose promise, chose dûe ! Dans le précédent numéro de l’excellent Décodanages, j’avais promis de revenir avec des Brèv’vertes optimistes et heureuses. C’est donc avec humilité et honneur que je vous annonce (si vous êtes éleveur de chèvres dans la Creuse ou bien électrosensible et que vous ne suivez absolument rien) que L’ACCORD DE PARIS A ÉTÉ SIGNÉ !!!!!!!!

Le 22 avril dernier au siège de l’ONU à New York, François Hollande s’est levé, s’est approché du pupitre encore imprégné du charisme de Leonardo DiCaprio (le pupitre, pas Hollande hein), et a sorti sa plus belle plume pour être le premier à signer officiellement l’Accord négocié à Paris lors de la COP 21. Vous vous rappelez ?

La COP 21 ? Changer le monde, protéger la planète, tout ça tout ça ! C’est vrai qu’entre temps, il y a eu Noël, les attentats de Bruxelles, Nuit Debout, la mort de Prince, les Panama Papers… Vous vous rappelez les Panama Papers ? Non ? C’est vrai que depuis il y a eu Emmanuel Macron En Marche, une phrase raciste de Trump, 2 CRS insultés et 3 manifestants avec des bleus sur les genoux…

Signature historique, elle n’en reste pas moins symbolique, et doit encore atteindre la ratification par 55 Etats représentant au moins 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (Voir l’article sur la COP21). N’oublions pas que les Etats signataires s’engagent à agir pour limiter le réchauffement climatique en-dessous de 2 degrés, il faudra sûrement leur rappeler rapidement ! Le processus de ratification est d’ailleurs déjà engagé pour 13 pays directement menacés par les effets du changement climatique, comme les îles Fidji, Samoa, la Barbade, ou les Maldives. La Chine et les Etats-Unis représentant 38% des émissions, on sait où sont les ratifications indispensables. François Hollande a maintenu la pression en déclarant « depuis le 12 décembre, l’urgence est toujours là » : ces derniers mois « il y a eu encore des catastrophes aux Iles Fidji, […], il y a eu de la famine qui s’est diffusée en Afrique, il y a toujours ce lac Tchad en Afrique qui ne cesse de se réduire…« .

  • TAFTA gueule à la récré ! : Le Transtlantic Free Trade Agreement, ou le traité de libre-échange transatlantique en négociation entre l’Europe et les Etats-Unis, fait irruption depuis quelques semaines dans les médias. Sans rentrer dans des considérations techniques, désormais disponibles grâce à la divulgation par Greenpeace de nombreux documents, il s’agit d’inscrire le TAFTA dans le contexte international et de le confronter à la problématique du développement durable.

Une première vague de médiatisation avait eu lieu en 2014, mais s’était trop vite écrasée sur la plage faute de réactions politiques. C’est en effet difficile pour un député européen de parler d’un texte qu’il va signer mais dont il ne connaît pas le contenu. La transparence de la Commission Européenne digne de la Corée du Nord peut laisser planer le doute sur les effets de cet accord. L’objectif est de libéraliser le commerce entre les deux zones économiques en réduisant les droits de douane et les « barrières réglementaires ». Mais il s’agit surtout de poursuivre un mouvement engagé pour contourner l’enlisement de l’Organisation Mondiale du Commerce, en créant des méga-zones de libre-échange. Les Etats-Unis ont ainsi déjà conclu un partenariat transpacifique, tandis que la Chine a enclenché les négociations pour un partenariat avec 15 pays asiatiques et que l’Afrique est rentrée dans la danse avec des discussions entre les 54 membres de l’Union Africaine.

Pour faire simple, l’ensemble des réglementations relatives à la protection des consommateurs et au suivi des produits (Ciao AOP/AOC !) pourrait être lissée au profit des importations américaines. Autrement dit, le soft power n’est plus d’actualité. Néanmoins, les cycles de négociation se suivent et l’accord reste bloqué, malgré les pressions. Peut-être que quelqu’un a eu l’idée d’étudier ce partenariat au regard de l’Accord de Paris en voyant l’incompatibilité totale entre la libéralisation à outrance et la limitation du réchauffement climatique. En poursuivant la mobilisation contre ce traité, la société civile pourrait reprendre confiance en un système sclérosé et avancer sereinement. Enfin j’espère….

« L’optimisme est dans l’action! », fondateur des Brèv’vertes.

[1] Master2, Sciences Politiques-Relations Internationales, Parcours Francophonie et Mondialisation, Spécialité Développement Durable et Economie Sociale et Solidaire; Université Jean Moulin, Lyon 3, toujours en recherche d’emploi…. même s’il est en service civique dans une association qu’on salue en rubrique « Blogs amis », à bon entendeur salut !